
Un vieux jean usé, un blouson noir, au cou un crucifix où Jésus joue les rockers... Johnny Hallyday nous reçoit dans une suite du Fouquet’s Barrière, sur les Champs-Elysées. Il est à l’image de son nouvel album, enregistré à Los Angeles : serein, apaisé, réconcilié avec lui-même. Résolument «bluesy», ses nouvelles chansons, signées entre autres de Marc Levy, Bono ou Bruno Putzulu, parleront au coeur des ex-fans des sixties comme à celui des plus jeunes.
- Non, c’est d’abord un choix musical. Lorsque j’ai parlé d’un disque de blues à mon ancienne «major» (Universal, ndlr), ils m’ont opposé un non catégorique en ne tenant pas compte du fait que, si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à la musique de mes débuts. Ils m’ont dit : «Clapton ne vend plus rien, le blues, ça ne marche plus.» Ils n’ont même pas essayé de savoir de quel genre de blues je parlais. Ils ne trouvaient pas ça commercial. Moi, j’avais besoin de ce retour aux sources. Ça a duré quatre ans cette histoire, et puis j’ai eu affaire aux gens de Warner qui, eux, ne me parlaient que de musique, et pas d’argent. C’est ce qui m’a plu chez eux.
Le blues, c’est la musique des gens qui ont vécu. Ce sont des paroles de tous les jours, pas des poèmes. Le blues, c’est : j’ai souffert et je voudrais ne plus souffrir.Je ne renie pas ce que j’ai fait, j’ai chanté de merveilleuses chansons comme Marie, ou fait des albums que j’adore, comme celui avec Michel Berger, mais il y a aussi des albums que l’on m’a suggérés (je n’aime pas le mot «forcés») d’enregistrer, des choses plus commerciales dont je n’avais plus très envie.
J’ai réalisé l’album dont je rêvais depuis longtemps, un album de blues à la portée du pays dans lequel je suis né, où j’ai grandi, où j’ai vécu. C’était difficile, car il fallait adapter la culture américaine à la culture française. Je ne voulais pas reprendre de standards. Parce que les standards que l’on connaît, ils vont bien avec les mots très simples de la langue américaine. En gros, ça dit : «Oh, baby, tu t’en vas, reviens-moi.» Au bout de trois refrains, on voit bien que c’est intraduisible, inadaptable au français. Il fallait donc trouver des textes qui tiennent le coup ici. Alors j’ai travaillé avec des auteurs, des gens comme Lionel Florence, Marc Levy, Didier Golemanas ou Bruno Putzulu. Ce sont des gens qui, comme moi, aiment cette musique et peuvent écrire des paroles simples mais françaises.
Vous savez, la mort, j’y pense tous les jours. J’ai perdu tellement d’amis chers. J’ai enterré ma mère il n’y a pas très longtemps, c’est la chose qui m’a fait le plus souffrir. La mort, on s’arrange avec. Il faut vivre en faisant ce qu’on aime et en s’amusant. Le seul antidote, c’est d’aimer vraiment ceux qui sont autour de vous. Et de penser un peu plus aux autres qu’à soi-même. L’amour est plus fort que la mort.
Mon dernier album, non. Le reste, je ne sais pas encore, on verra. Quand je considérerai que l’envie me manque, j’arrêterai peut-être, mais pas aujourd’hui, la date de ma dernière scène n’est pas encore fixée. Ça peut être demain comme dans cinq ans.
Je n’aime pas trop parler des artistes qui font de la musique ni en dire du mal. Ils ne seraient pas là s’ils ne plaisaient pas au public. Mais la musique qu’on fait aujourd’hui ne me plaît pas. Ce n’est pas MA musique. Elle ne me fait pas vibrer. Je trouve que tout le monde finit par chanter la même chose et de la même façon. Si les choses ne durent pas longtemps, c’est peut-être aussi à cause de ça...
... Quand j’avais 14 ans, ma tante, qui connaissait un petit peu Maurice Chevalier, m’a conduit chez lui à Marnes-la-Coquette. Il m’a reçu très gentiment. Je suis venu avec ma guitare, j’ai chanté trois chansons, et il m’a dit : «Ecoute, mon petit, on va déjeuner.» A table, on a eu des spaghettis avec du roquefort râpé dessus. Quand on a eu fini, voilà le majordome (qui était aussi le cuisinier et le pianiste) qui lui demande : «Prendrez-vous du fromage ?» et Chevalier, qui était très radin, de répondre : «Vous n’êtes pas fou, on en a déjà eu avec les pâtes !» Après, il m’a emmené dans le jardin et il m’a dit : «Mon petit, si tu veux chanter, trouve toujours une entrée, trouve toujours une sortie et au milieu, eh bien, tu te démerdes : tu chantes.» C’est pour ça que j’ai toujours, pour mes spectacles, cherché une entrée spectaculaire et pour ça aussi que j’habite ici, à deux maisons de la sienne !
Johnny Hallyday, Le Coeur d’un homme, Warner.
- Non, c’est d’abord un choix musical. Lorsque j’ai parlé d’un disque de blues à mon ancienne «major» (Universal, ndlr), ils m’ont opposé un non catégorique en ne tenant pas compte du fait que, si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à la musique de mes débuts. Ils m’ont dit : «Clapton ne vend plus rien, le blues, ça ne marche plus.» Ils n’ont même pas essayé de savoir de quel genre de blues je parlais. Ils ne trouvaient pas ça commercial. Moi, j’avais besoin de ce retour aux sources. Ça a duré quatre ans cette histoire, et puis j’ai eu affaire aux gens de Warner qui, eux, ne me parlaient que de musique, et pas d’argent. C’est ce qui m’a plu chez eux.
Le blues, c’est la musique des gens qui ont vécu. Ce sont des paroles de tous les jours, pas des poèmes. Le blues, c’est : j’ai souffert et je voudrais ne plus souffrir.Je ne renie pas ce que j’ai fait, j’ai chanté de merveilleuses chansons comme Marie, ou fait des albums que j’adore, comme celui avec Michel Berger, mais il y a aussi des albums que l’on m’a suggérés (je n’aime pas le mot «forcés») d’enregistrer, des choses plus commerciales dont je n’avais plus très envie.
J’ai réalisé l’album dont je rêvais depuis longtemps, un album de blues à la portée du pays dans lequel je suis né, où j’ai grandi, où j’ai vécu. C’était difficile, car il fallait adapter la culture américaine à la culture française. Je ne voulais pas reprendre de standards. Parce que les standards que l’on connaît, ils vont bien avec les mots très simples de la langue américaine. En gros, ça dit : «Oh, baby, tu t’en vas, reviens-moi.» Au bout de trois refrains, on voit bien que c’est intraduisible, inadaptable au français. Il fallait donc trouver des textes qui tiennent le coup ici. Alors j’ai travaillé avec des auteurs, des gens comme Lionel Florence, Marc Levy, Didier Golemanas ou Bruno Putzulu. Ce sont des gens qui, comme moi, aiment cette musique et peuvent écrire des paroles simples mais françaises.
Vous savez, la mort, j’y pense tous les jours. J’ai perdu tellement d’amis chers. J’ai enterré ma mère il n’y a pas très longtemps, c’est la chose qui m’a fait le plus souffrir. La mort, on s’arrange avec. Il faut vivre en faisant ce qu’on aime et en s’amusant. Le seul antidote, c’est d’aimer vraiment ceux qui sont autour de vous. Et de penser un peu plus aux autres qu’à soi-même. L’amour est plus fort que la mort.
Mon dernier album, non. Le reste, je ne sais pas encore, on verra. Quand je considérerai que l’envie me manque, j’arrêterai peut-être, mais pas aujourd’hui, la date de ma dernière scène n’est pas encore fixée. Ça peut être demain comme dans cinq ans.
Je n’aime pas trop parler des artistes qui font de la musique ni en dire du mal. Ils ne seraient pas là s’ils ne plaisaient pas au public. Mais la musique qu’on fait aujourd’hui ne me plaît pas. Ce n’est pas MA musique. Elle ne me fait pas vibrer. Je trouve que tout le monde finit par chanter la même chose et de la même façon. Si les choses ne durent pas longtemps, c’est peut-être aussi à cause de ça...
... Quand j’avais 14 ans, ma tante, qui connaissait un petit peu Maurice Chevalier, m’a conduit chez lui à Marnes-la-Coquette. Il m’a reçu très gentiment. Je suis venu avec ma guitare, j’ai chanté trois chansons, et il m’a dit : «Ecoute, mon petit, on va déjeuner.» A table, on a eu des spaghettis avec du roquefort râpé dessus. Quand on a eu fini, voilà le majordome (qui était aussi le cuisinier et le pianiste) qui lui demande : «Prendrez-vous du fromage ?» et Chevalier, qui était très radin, de répondre : «Vous n’êtes pas fou, on en a déjà eu avec les pâtes !» Après, il m’a emmené dans le jardin et il m’a dit : «Mon petit, si tu veux chanter, trouve toujours une entrée, trouve toujours une sortie et au milieu, eh bien, tu te démerdes : tu chantes.» C’est pour ça que j’ai toujours, pour mes spectacles, cherché une entrée spectaculaire et pour ça aussi que j’habite ici, à deux maisons de la sienne !
Johnny Hallyday, Le Coeur d’un homme, Warner.
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